Sur les réseaux sociaux circulent d’innombrables vidéos de harraga algériens – ces « brûleurs de frontières » qui quittent leur pays par la mer sans passeport ni visa –, heureux d’approcher le rivage espagnol. Le 3 septembre, dans une joie déroutante, sept adolescents ont ainsi rallié Ibiza depuis la baie d’Alger à bord d’une embarcation de plaisance volée. Cette traversée retransmise en direct sur TikTok a provoqué l’émoi en Algérie, ravivant la question de l’« exode » vers l’Europe.
En France, l’immigration algérienne est un thème récurrent des débats politiques et médiatiques. Entre Paris et Alger, elle n’a cessé depuis l’indépendance, en 1962, d’être un enjeu d’éternelles tractations. D’autant plus que les départs clandestins depuis l’Algérie restent très élevés ces dernières années. Du 1er janvier au 31 octobre, Frontex, l’agence européenne des frontières, a recensé 8 496 passages irréguliers de ressortissants algériens vers les îles Baléares ou les plages du sud de l’Espagne continentale. Ils représentent un peu plus de la moitié du flux d’exilés (16 321) ayant emprunté cette route dite « de la Méditerranée occidentale ». Et ils constituent la cinquième nationalité la plus représentée parmi les entrées clandestines en Europe, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
En forte progression depuis 2023, cette voie connaît un nouvel essor cette année : + 27 % d’arrivées, toutes nationalités confondues, par rapport à la même période de 2024 et même + 66 % rien qu’aux Baléares, selon le ministère de l’intérieur espagnol. Frontex attribue cette hausse au renforcement des contrôles migratoires au Maroc « poussant davantage de personnes à recourir aux services de passeurs en Algérie ».