Les quelques tentes installées sur des palettes de chantier, en surplomb du canal Saint-Martin, dans le 19e arrondissement de Paris, semblent vides, en cet après-midi du vendredi 12 décembre. Léa et Ismail (les personnes citées par leur prénom ont souhaité rester anonymes), qui travaillent pour la maraude sociale confiée par l’Etat et la Ville à l’association France terre d’asile, tentent néanmoins un « bonjour ».
Une seule tente s’ouvre. Assis en tailleur sur d’épaisses couvertures, Atiqullah, rasé de près, explique, surtout en anglais, qu’il est afghan, qu’il a 45 ans et qu’il a obtenu l’asile. Jardinier et ouvrier du BTP dans son pays d’origine, il a travaillé deux ans en Belgique, mais n’a rien trouvé en France. A-t-il accès à un médecin ? Il montre sa boîte de paroxétine, un antidépresseur. Depuis combien de temps est-il à la rue ? « Depuis longtemps. Trop longtemps », répond-il d’un air las.
En rentrant le numéro de carte de séjour du réfugié sur son téléphone, Léa peut voir que ses collègues l’ont déjà rencontré, et qu’en juillet, il a accepté de partir à Bourges, pour passer trois semaines dans un des sas d’accueil régionaux, censés orienter les sans-abri d’Ile-de-France, où les structures d’accueil sont saturées. Mais là-bas aussi, les places manquent. Une fois remis à la rue, Atiqullah a préféré revenir à Paris.