Serge Gainsbourg a sa maison pleine de graffitis. Agnès Varda (1928-2019), elle, vécut dans un lieu tout aussi remarquable pendant près de soixante-dix ans. Elle était domiciliée au 86, rue Daguerre (14e). Le pèlerinage sur ses traces commence forcément ici, à l’orée de la bruyante avenue du Maine, face à ces murs roses et violets. Derrière, c’était la cour-atelier que la jeune photographe se fit offrir par ses parents en 1951. Elle y logea avec sa compagne Valentine Schlegel (1925-2021), sculptrice et céramiste. L’une prend des photos, l’autre pas.
La belle exposition du Musée Carnavalet, qui se tient jusqu’au 24 août, « Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là », permet de pénétrer l’intimité de l’endroit. On y croise les voisines italiennes et les réfugiés espagnols, locataires de Varda. On remarque les ailes d’ange qui servaient aux mises en scène des portraits. Des amis célèbres passent la porte : l’artiste américain Alexander Calder (1898-1976), le metteur en scène Jean Vilar (1912-1971)… La propriétaire y organise sa première exposition en 1954. En 1959, Jacques Demy (1931-1990) remplace Valentine Schlegel à cette adresse, et dans la vie de Varda. « C’est une maison émouvante et toujours un lieu habité », souligne Juliette Dubois, qui propose des ciné-balades sur les traces de la réalisatrice. Rosalie Varda, fille d’Agnès, vit aujourd’hui au 88, tandis que son demi-frère, Mathieu Demy, a repris la cour-atelier.