« Qu’est-ce qu’un auteur de cinéma ? » et « Auctorialités théâtrales » : à la recherche de l’auteur

Eugène Labiche (1815-1888) signa seul 7 pièces sur 180 : le reste fut composé avec près d’une cinquantaine de collaborateurs. Par sa mécanique parfaitement huilée et son art du bon mot, le vaudeville se prêtait mieux que d’autres genres à de tels appariements (même si l’on parle bien d’« un » Labiche), mais il y a de grandes chances qu’une telle pratique ait conforté le discrédit symbolique du genre. La raison en est que la figure du génie romantique a imposé depuis le XIXe siècle une conception de l’auteur que l’on peut qualifier d’absolue : unique, original, tout entier dans chacune de ses œuvres, et garant de leur sens, celles-ci étant le reflet de son intention créatrice.

Or, le théâtre, objet du collectif Auctorialités théâtrales, dirigé par Benoît Barut, Catherine Brun et Elisabeth Le Corre, comme le cinéma, auquel le sociologue Jérôme Pacouret consacre un bel essai, Qu’est-ce qu’un auteur de cinéma ?, sont par nature des arts collaboratifs. Si, au théâtre, le dramaturge s’est longtemps imposé comme la figure dominante, la légitimation de cet art technique qu’est le cinéma est passée, entre autres, par l’adaptation de romans ou de pièces dont les auteurs éclipsaient le metteur en scène, mais aussi le scénariste. Très tôt, les représentants des trois grands pôles de l’œuvre filmique – l’écriture, le tournage et la production – ont donc dû revendiquer à coups de procès ce statut d’auteur, cette « auctorialité », gage d’autorité.

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