La première fois que je me suis retrouvé sur un terrain de guerre, j’avais 20 ans. C’était le 9 juillet 2020, au Mali, dans le cadre de l’opération « Barkhane ». J’étais soldat du premier régiment de hussards parachutistes. Pilote de véhicule blindé léger, je suis envoyé à Gao, qui est alors la plus grande base militaire de l’armée française au Mali. Je fais partie d’un peloton de reconnaissance dans la zone de Tessalit, proche de la frontière avec l’Algérie. Notre mission est de glaner des renseignements auprès des populations et des groupes armés locaux, puis de les faire remonter à notre hiérarchie.
Le 5 septembre, Seb, notre chef de groupe, Arnaud, le tireur, et moi, le pilote, avons pour mission de protéger une distribution de matériel scolaire dans les villages aux alentours. Cela se passe bien : les enfants sont heureux et notre patrouille est efficace. Sur le retour, on descend une colline en direction de notre base. Notre véhicule saute sur deux mines antichars et des kilos d’explosifs. La puissance de l’explosion fait décoller le blindé de plusieurs mètres. Nous sommes tous les trois éjectés. C’est le black-out.