Dans la petite boutique alimentaire où il est employé, dans le 6e arrondissement de Budapest, Laszlo Jonasz ne peut plus s’arrêter de parler. L’homme de 54 ans encaisse ses clients un à un, tout en s’épanchant sur les ravages de l’inflation. « Les gens achètent moins et comparent systématiquement les prix. Le cinéma ou le théâtre sont devenus un luxe et les loyers ont explosé », explique M. Jonasz, qui paie désormais 280 000 forints (708 euros) pour 65 mètres carrés dans la capitale, charges incluses.
Une augmentation en accord avec les chiffres de l’Office central de statistiques hongrois, pour qui le prix de la location d’un appartement a été multiplié par deux entre 2015 et 2025 dans le pays. Pour ce père de famille qui cumule trois emplois, il ne fait aucun doute : « La Hongrie recule. »
A quelques mètres de là, les clients se font, eux aussi, plus rares entre les étals de Rita Reitter : « Les légumes trop mûrs ont du succès, mais certains préfèrent aller à Lidl, où les prix défient toute concurrence. » Dans la capitale hongroise, où les additions dans les restaurants se rapprochent de celles des établissements parisiens, le constat est général : la vie se fait de plus en plus chère. L’inflation cumulée depuis 2020 atteint 50 %. Après avoir culminé à près de 26 %, à l’hiver 2023, elle se situait à 4,3 % en juillet par rapport à juillet 2024, le double des 2 % relevés dans la zone euro. A cela s’ajoute la volatilité du forint, la monnaie hongroise, bien que stabilisée ces derniers mois et repassée en deçà du seuil symbolique de 1 euro pour 400 forints.