Pour l’ouverture de la rentrée littéraire, « Le Monde des livres » vous présente ses premières recommandations. A commencer par le nouveau récit d’Emmanuel Carrère, Kolkhoze, dans lequel il retrouve sa mère, Hélène Carrère d’Encausse, morte en 2023 (en librairie le 28 août). Ensuite, trois des dix ouvrages de la sélection du prix littéraire Le Monde 2025 : In violentia veritas, le récit de Catherine Girard, qui revient, elle, sur son père, Henri Girard, au centre de l’affaire du triple meurtre d’Escoire, en 1941 ; Une drôle de peine, le roman autobiographique de Justine Lévy, qui tente là d’en finir avec le fantôme de sa mère ; et Simone Emonet, le récit que Catherine Millet consacre à sa mère, et sur son suicide il y a plus de quarante ans (en librairie le 27 août). Enfin, le nouveau roman du grand écrivain espagnol Antonio Muñoz Molina, Je ne te verrai pas mourir, premier coup de cœur de la rentrée littéraire étrangère.

RÉCIT. « Kolkhoze », d’Emmanuel Carrère

Revenant sur la disparition de sa mère, l’historienne de la Russie Hélène Carrère d’Encausse (1929-2023), avec laquelle les relations n’ont jamais été faciles, Emmanuel Carrère part à la recherche de l’amour qui a pu les lier, malgré tout. Il se demande à quel point ce lien a orienté son œuvre d’écrivain, ou plutôt l’a désorientée, offerte à la mélancolie chancelante, à la clairvoyance déprimée, bref à tout ce que nous aimons chez lui.

Dans Kolkhoze, la piété filiale appelle d’abord une sorte de violence, qui consiste à dynamiter l’image publique que sa mère avait bâtie. Ici, elle apparaît comme l’autrice de livres peu convaincants, une mondaine avide de médailles, une admiratrice de Poutine, une femme autoritaire surtout, chez qui la raideur n’égale que la mauvaise foi. Mais si Carrère lui dit ses quatre vérités, c’est pour mieux la retrouver. Il est cet enfant qui voudrait qu’on voie sa mère comme il l’a connue, ou plutôt comme celle qu’elle aurait pu être « si » : si Hélène avait été moins dure ; si elle s’était interdit d’écraser son mari ; si elle était restée la jeune femme déclassée, optimiste et aimante contre laquelle lui et ses deux sœurs se serraient la nuit – elle appelait ça « faire kolkhoze ».

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario