Deux morceaux de choix cannois autour de familles sont à l’affiche cette semaine. Après avoir divisé la critique sur la Croisette, Julia Ducournau part à l’assaut des salles avec Alpha, un film aussi intense que spectaculaire autour d’une épidémie tragique qui vient déchirer un trio sous tension. Reparti avec le Grand Prix du dernier Festival de Cannes et servi par trois acteurs magnifiques, Joachim Trier, lui, touche au cœur avec Valeur sentimentale, l’histoire d’un père cinéaste qui tente d’effacer des années d’absence auprès de ses filles.

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Situé dans une ville dystopique, Alpha a pour toile de fond un mystérieux virus jamais nommé qui, comme le sida, semble se propager par les liquides biologiques, et transforme peu à peu ses victimes en statues de marbre. Cette lente métamorphose est une des idées visuelles fortes d’un film sophistiqué qui ne rechigne devant aucun moyen pour jouer la carte du spectaculaire.

Fuyant tout naturalisme, la caméra de Julia Ducournau virevolte, tremble, ralentit, multiplie les plans en légère contre-plongée ou plongée sous une lumière crue un peu froide. D’un cauchemar étouffant à une séquence de bagarre dans une piscine qui se teinte peu à peu de rouge, la réalisatrice de Grave (2017) et de Titane (2021) sait créer des images puissantes qui marquent le spectateur tout en ménageant les effets chocs qui parsemaient ses premiers longs-métrages.

A travers cette cellule familiale dysfonctionnelle composée d’une adolescente qui a pris le risque d’être infectée (Mélissa Boros), d’une mère courage (Golshifteh Farahani), médecin à l’hôpital, et d’un oncle toxicomane (Tahar Rahim), Julia Ducournau invite à faire l’expérience de la marge, de la peur, du rejet, le temps d’un long flirt avec la mort qui prend sur la fin presque une tournure mystique. Rien n’est plus bouleversant ici que ces plans à l’hôpital de rangées de malades alités, mourant à petit feu alors que les équipes de soignants ont pour une grande partie déserté l’établissement, et que leurs proches sont tenus à l’extérieur. Livrés à une extrême solitude au moment où ils sont le plus vulnérables. Bo. B.

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