Septembre 2002, Festival international du film de Marrakech. En ce début d’automne, le soleil darde encore ses rayons sur la ville ocre. Un an après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis et en pleine « guerre contre le terrorisme », selon l’expression du président américain George W. Bush, le Maroc veut donner l’exemple d’une rencontre apaisée et festive entre l’Orient et l’Occident autour du 7e art et des paillettes.
Le festival, créé un an auparavant par le jeune roi Mohammed VI, est présidé par son frère cadet, Moulay Rachid. En coulisses, le producteur français Daniel Toscan du Plantier gère l’intendance, la programmation et la venue des vedettes. Les charmes de La Mamounia, le palace où sont logées les stars, contribuent grandement à la réussite de l’événement.
L’avant-dernier soir de la manifestation, cinéastes, acteurs, journalistes, bref tout le gratin gravitant autour du festival, sont invités à une réception donnée par le roi en son palais du centre-ville. Les centaines de convives s’assoient autour de tables basses, sur des poufs posés sur des tapis aussi élimés qu’historiques. Le service aux flambeaux est assuré par des dizaines de serviteurs, tous noirs, masculins et vêtus de blanc, chargés d’apporter et de débarrasser les plats en un va-et-vient rythmé. C’est un mélange de Mille et Une Nuits et de Moyen Age.
L’invitée surprise de la soirée se trouve sur l’estrade. Assise à côté du roi, sa jeune épouse, Lalla (« princesse ») Salma, offre son visage distingué et sa chevelure rousse aux yeux des convives. Murmures dans les rangs. C’est la première fois qu’autant d’étrangers contemplent la femme du souverain alaouite. Du temps d’Hassan II – le père de Mohammed VI –, personne n’avait jamais vu Lalla Latifa, la mère des enfants royaux, autrement qu’en photo et en tenue traditionnelle.