Cyril Dion : « Les COP ne vont pas miraculeusement définir un nouvel agenda compatible avec les limites planétaires »

Alors que la COP30 s’ouvre au Brésil, une question me taraude : avons-nous définitivement perdu la bataille pour le climat ? Sommes-nous condamnés à voir nos conditions de vie sur cette planète se dégrader au point de la rendre partiellement inhabitable ? La question est délibérément provocante mais il me semble urgent de nous la poser. Car ce qui est en train de se produire sous les radars médiatiques est proprement vertigineux.

Depuis de nombreuses années, des scientifiques cherchent à mesurer jusqu’où nos pressions sur les écosystèmes de la planète resteront supportables. En 2009, les chercheurs du Stockholm Resilience Centre ont identifié neuf limites planétaires à partir desquelles le système Terre ne pourra plus absorber les pressions exercées par les activités humaines sans compromettre les conditions de vie de notre espèce. En 2015, nous en avions dépassé trois. Le 24 septembre 2025, nous avons dépassé la septième : l’acidification des océans.

En 2022, une autre équipe a dénombré 16 points de bascule. Des seuils de réchauffement au-delà desquels des pans du système climatique changent de façon souvent irréversible. Le 13 octobre 2025, un rapport publié par 160 scientifiques de 23 pays annonçait que le premier de ces 16 points avait été franchi : celui des récifs coralliens d’eau chaude, qui subissent un « dépérissement généralisé ». Et nous nous approchons dangereusement des autres…

En bref, l’humanité vient de franchir deux caps qui la précipitent dans l’inconnu. Elle accélère la dévastation de son habitat. Dans un silence assourdissant.

Depuis quelques mois, des amis chercheurs partagent leur désarroi avec moi. Quoi que nous fassions désormais, il est trop tard pour revenir en arrière. Si vous avez 40 ans ou plus, le monde ne sera plus jamais tel que vous l’avez connu lorsque vous étiez enfant. Nous devons déjà nous adapter à une nouvelle réalité faite de chaleurs extrêmes, de pluies diluviennes, d’incendies géants et de bouleversements à grande échelle que nous peinons encore à imaginer. D’ici à quelques décennies, il existe une probabilité non négligeable pour que la majorité des glaciers aient fondu ou qu’une partie de la forêt amazonienne se soit transformée en savane. Pourtant, l’attention de certains des plus grands médias, particulièrement télévisés et hebdomadaires, est braquée sur les points de croissance du PIB [produit intérieur brut], la dette, l’immigration… Comprenons-nous bien que si ces scénarios se concrétisent, il n’y aura plus d’économie à sauver, les conflits se multiplieront, nos vies deviendront infiniment plus misérables ? Le 31 mars, une étude dans la revue Environmental Research Letters chiffrait à ? 40 % par personne et par an l’effondrement du PIB dans un monde à + 4° C.

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