« Wikipédia est contrôlée par des activistes d’extrême gauche. » « Ne donnez plus à Wikipédia tant qu’ils ne disent pas la vérité. » « Wikipédia devrait être appelée Wokipedia (ou Bitopedia). » Voici quelques-uns des nombreux messages, toujours plus virulents, publiés en ligne par l’homme le plus riche du monde.
Le 27 octobre, Elon Musk est allé un cran plus loin, en lançant sa propre encyclopédie, Grokipedia, censée selon lui représenter « la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ». Plus de 885 000 articles, entièrement générés par intelligence artificielle (IA), composant, dit-il, un site « 100 fois meilleur que Wikipédia ».
Cinq jours plus tard, de l’autre côté de l’Atlantique, une dizaine de wikipédiens se gaussent. Qu’un des hommes les plus puissants du monde les attaque ne semble pas les désarçonner. « Pour nous, c’est un rigolo », balaie Lomita, un des piliers de la communauté francophone.
Ce samedi-là, cette retraitée tient, avec une dizaine d’autres, une permanence mensuelle à la Cité des Sciences et de l’industrie, à Paris, pour présenter le site et son fonctionnement. « Seule une personne est venue nous parler d’Elon Musk aujourd’hui. Grokipedia, c’est un pétard mouillé », raille X-Javier, chargé d’alpaguer les badauds.
Ici, autour d’une vaste table où se mêle un fatras de câbles, vestes et papiers de bonbons, les wikipédiens font ce qu’ils savent faire le mieux : surveiller, corriger et enrichir bénévolement la plus vaste encyclopédie du monde. La meilleure réponse, selon eux, aux attaques dont ils font l’objet. Et elles sont nombreuses, ces derniers mois.