Enveloppée dans une vive lumière orangée de fin de journée, Kramatorsk pourrait presque renvoyer l’image d’une ville paisible. Ses longues barres d’immeubles qui s’étendent sur des avenues recouvertes de végétation et de terrasses de cafés achèvent de donner l’illusion d’une douce fin d’été. Mais voilà, l’artillerie résonne au loin, et des véhicules militaires bardés de protections dévalent les rues à toute allure, dans un va-et-vient nerveux de soldats en partance pour le front voisin, distant d’une vingtaine de kilomètres.
« Il faut pas mal de nerfs pour habiter ici », reconnaît Vladimir, 64 ans, installé avec son épouse devant un petit supermarché pour vendre quelques grappes de raisin, ce dimanche 24 août, jour de l’indépendance de l’Ukraine. L’homme – qui n’a pas souhaité donner son nom de famille – s’est habitué au fracas de la guerre. « Est-ce qu’on a le choix ? Ceux qui ne supportent pas sont déjà partis », dit-il. Comment vit-on à Kramatorsk ? Vladimir imite la forme d’une arme avec sa main, qu’il pointe sur sa tempe. « C’est la roulette russe. Tu ne sais jamais quand ça va te toucher, mais tu sais que ça va arriver. »