Un jour sur deux, au petit matin, avant que l’atmosphère du désert mauritanien ne devienne brûlante, Thiaye (tous les prénoms ont été modifiés), réfugié malien, parcourt dix kilomètres à pied, la tête enveloppée dans un chèche blanc. A un rythme effréné, l’octogénaire s’enfonce dans les travées ensablées du camp de réfugiés maliens de Mbera, situé à plus de 1 200 kilomètres à l’est de la capitale, Nouakchott.
Dans le reflet de ses lunettes noires défilent les rangs de baraquements en tôle et les tentes siglées « UNHCR » de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. « Par là, les installations des nouveaux venus rendent étroites les bordures du camp », relève le professeur de mathématiques à la retraite. « Ce nouveau quartier, on l’appelle “Wagner” », dit-il, en référence aux déplacés qui ont fui les exactions de l’armée malienne et de ses alliés russes.
Entre 2022 et 2025, le nombre de Maliens arrivés en Mauritanie a plus que doublé, selon l’UNHCR, passant de 70 000 à 160 000, et même à 245 000 selon Nouakchott – tous n’ont pas le statut de réfugié. La majorité s’est installée dans la région frontalière du Hodh Ech-Chargui, l’une des plus pauvres du pays, dans le camp de Mbera et ses alentours.