Un aventurier du langage et de la forme : ainsi pourrait-on qualifier Percival Everett, qui n’a pas son pareil pour faire de chaque roman une expérience. Depuis son premier ouvrage (Suder, 1983, non traduit), cet écrivain américain – né en Géorgie en 1956, il est aussi poète, peintre et directeur du département de littérature de l’université de Californie du Sud – ne se lasse pas de jongler avec les genres littéraires, sautant sans prévenir de l’un à l’autre, jouant à traficoter les codes de chacun, tordant et distordant la langue. On trouve dans sa production, aussi éclectique que prolifique, des essais, des nouvelles, une demi-douzaine de recueils de poésie, un livre pour enfants et, surtout, une trentaine de romans, dont dix seulement sont traduits en français. Parmi ceux-ci, Désert américain (2006), Blessés (2007), Glyphe (2008), Le Supplice de l’eau (2009) ou encore Pas Sidney Poitier (2011), tous publiés chez Actes Sud.

Mais quoique formellement très différents, tous les romans d’Everett gravitent autour d’un même thème, central, obsessionnel, celui de l’identité afro-américaine. « Je commence par une fondation raciale et puis j’édifie peu à peu », note un personnage dans Percival Everett par Virgil Russell (Actes Sud, 2014). James, son nouvel ouvrage, ne fait pas exception à la règle. Et, cette fois encore, l’auteur trouve une manière nouvelle de s’y prendre : il revisite ce classique de la littérature américaine que sont Les Aventures de Huckleberry Finn, de Mark Twain (1884), et le réécrit du point de vue de Jim, l’esclave noir dont la route croise celle de Huck au début du roman. Promenade au fil d’une œuvre aussi touffue et tumultueuse que les rives du Mississippi, à l’occasion de la parution de James, doublement couronné outre-Atlantique par le prix Pulitzer et le National Book Award.

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