Le « Far West numérique » qu’elle dénonce depuis des années va-t-il enfin être mieux régulé et les adolescents protégés ? Parce qu’elle connaît bien la jungle des réseaux sociaux et « la force des lobbys », Laure Boutron-Marmion, allure sage et regard déterminé derrière de grandes lunettes, n’affiche pas d’espoirs démesurés. Mais tout de même, dans son cabinet parisien, l’avocate, en cette fin d’été, constate comme un alignement des planètes. Il a rarement été autant question, dans le débat public, des plateformes numériques et de leur responsabilité concernant les contenus qu’elles diffusent.
Le 18 août, la mort en direct du streameur Raphaël Graven a eu l’effet d’un électrochoc. Depuis des mois, cet homme au physique chétif était insulté, maltraité, frappé, et ses sévices diffusés sur le site australien Kick. Me Boutron-Marmion y voit « le fruit d’une irresponsabilité irraisonnée des plateformes depuis dix ans ». L’indignation a été unanime. Outre les investigations menées par le parquet de Nice pour éclaircir les causes du décès, une enquête a été ouverte à Paris afin de déterminer la responsabilité de Kick dans la diffusion de contenus violents. La ministre déléguée chargée du numérique, Clara Chappaz, a annoncé vouloir attaquer en justice la plateforme.