Traquenard, nom masculin : piège ou machination tendus à quelqu’un pour l’arrêter, le faire échouer. L’équipe de France masculine de basket était prévenue et s’attendait à une embûche, mais, dimanche 7 septembre, les coéquipiers de Guershon Yabusele n’ont su se dépêtrer du piège tendu par la Géorgie à Riga. Découvrant ce niveau de la compétition, la sélection du Caucase l’a emporté (80-70) et se qualifie pour les quarts de finale de l’Euro 2025. Une abrupte fin de compétition pour la jeune escouade dirigée par Frédéric Fauthoux, plombée notamment par une maladresse rédhibitoire.

Compétition internationale au niveau extrêmement relevé, l’Euro basket n’est jamais avare en surprises. « En huitièmes [de finale], il y a encore des “petites équipes” qui peuvent prétendre aux exploits », a rappelé en cours de match Nicolas Batum, capitaine des Bleus jusqu’aux Jeux olympiques de Paris 2024 devenu consultant sur TMC. Cette édition n’y a pas coupé : le scalp des Bleus est venu rejoindre celui de la Serbie, favorite de la compétition battue la veille par la meute (« wolfpack ») finlandaise (92-86). Et l’Allemagne et la Turquie ne sont pas passées loin de faire également leurs valises prématurément, peinant respectivement à écarter le Portugal et la Suède – adversaires supposés à leur portée.

Les phases finales « sont des matchs très particuliers : on rentre dans une phase où, si on perd, c’est fini », avertissait, samedi, le sélectionneur Frédéric Fauthoux, en conférence de presse. Refusant d’endosser l’habit de favoris de la rencontre, le technicien landais anticipait une rencontre disputée face à la Géorgie, déjà tombeuse des tenants du titre espagnols en début de tournoi. Et d’emblée, les partenaires du capitaine Tornike Shengelia, omniprésent (27 points) ont mis à mal sa jeune équipe.

Rompu aux joutes d’Euroligue – la deuxième plus grande compétition de la planète après la NBA –, l’ailier-fort de 33 ans signé par le Barça à l’intersaison était pourtant identifié par les Bleus comme l’une des menaces de la sélection du Caucase. « C’est un joueur qui a une expérience unique. Physiquement, ce qu’il fait, c’est impressionnant. Il a le corps et l’intelligence basket qui vont avec son leadership », constatait avant le match le pivot Mouhammadou Jaiteh, qui a évolué avec Tornike Shengelia à la Virtus Bologne entre 2022 et 2023, dans BeBasket. Menant par l’exemple et la parole, l’intérieur a placé son équipe sur de bons rails dès le premier quart-temps.

En face, les vice-champions olympiques de Paris 2024 – amputés de plusieurs de leurs stars, à commencer par Victor Wembanyama – ont tenté de répondre au défi géorgien. Mais jamais les partenaires d’Elie Okobo (10 points) ne sont parvenus à durablement trouver la mire, s’évertuant en vain à tirer à trois points (6/36 dans la partie).

La Géorgie a entraîné les Bleus dans un faux rythme, jouant à sa main. Dirigée par le technicien serbe Aleksandar Dzikic, l’équipe du Caucase brille dans un basket à l’ancienne, axé sur des forces intérieures (les joueurs NBA Goga Bitadze, 2,13 m et Sandro Mamukelashvili, 2,08 m et leur leader Tornike Shengelia) et un maître à jouer – le meneur américain naturalisé Kamar Baldwin (30 points). Pourtant, les Français étaient prévenus. « La Géorgie a tendance à ralentir le jeu. Ce fameux jeu de post-up [dos au panier], physique, costaud, c’est quelque chose que nous n’avons pas forcément l’habitude d’affronter, mais il faudra s’adapter », anticipait Frédéric Fauthoux.

Les troupes du nouveau sélectionneur landais, elles, étincellent lorsqu’elles peuvent lâcher les chevaux. De leur défense agressive découlent de nombreuses opportunités en attaque. Mais dimanche, si les Bleus se sont à plusieurs reprises rapprochés de leurs adversaires, égalisant même à quatre minutes de la sirène, ils ne sont jamais parvenus à empêcher les Géorgiens de déployer leur jeu.

Largement renouvelés, à la faveur d’un nouveau sélectionneur et – surtout – d’une pluie de forfaits, ils quittent la compétition continentale dès les huitièmes de finale. Une fin abrupte dont ils pourront tirer de nombreuses leçons en vue des compétitions à venir : sur TMC, Nicolas Batum a rappelé qu’en 2010, sa génération avait manqué son premier rendez-vous international, avant de briller (huit médailles lors du mandat de Vincent Collet, de 2009 à 2025).

En 2022, au même stade de la compétition, il avait fallu « un miracle » – les mots du sélectionneur adverse – aux Bleus pour l’emporter face à la Turquie en prolongation (87-86). « C’est un rappel pour tous, mettait en avant Timothé Luwawu-Cabarrot, l’un des joueurs déjà présents il y a quatre ans, dans L’Equipe. Personne n’est imbattable, chaque possession compte. » Dimanche, les Géorgiens ont appliqué cette règle à la lettre et poursuivent leur route à l’Euro. La plupart des observateurs s’attendaient à un choc en quarts de finale entre la Serbie et la France. Choc, il y a eu, mais lié à l’élimination de ces deux grandes nations du basket continental, et la Géorgie retrouvera la Finlande, mardi, pour une place dans le dernier carré.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario