Cinq romans, un récit, un album jeunesse, un beau livre, une revue, un essai d’histoire… Voici les brèves critiques de dix ouvrages notables de la rentrée littéraire en cette trente-sixième semaine de l’année.
Quand, à la fin de sa vie, Maurice Guillermie, atteint de démence sénile, recevait son petit-fils dans sa maison de retraite, il lui demandait souvent : « Tu as retrouvé ma mère ? » Que lui répondre ? Il était trop tard pour la vérité. Alors Arnaud Miceli lui disait : « On cherche ! » Dans un beau texte du nouveau numéro de L’Irrégulière, le documentariste raconte comment, après la mort du vieil homme, il a fini par tenir parole en enquêtant sur son enfance de pupille de l’Assistance publique, abandonné par sa mère à sa naissance.
A son image, une partie des auteurs réunis par cette revue consacrée au « champ de l’enfance et de la jeunesse marginales ou marginalisées » ont lancé des enquêtes sur les failles qui, souvent, ont coupé en deux le destin de leurs proches. D’autres étudient les usages que d’anciens enfants placés font de certains services d’archives, ou le rapport que des adolescents de Sierra Leone entretiennent avec le silence de leurs parents sur ce qu’ils ont vécu pendant la guerre civile (1991-2002). L’ensemble explore avec finesse la manière dont la recherche en sciences humaines et sociales prend de plus en plus souvent l’intime comme objet, pour mettre méthodiquement au jour les histoires que tant de familles préfèrent laisser dans l’ombre – ces « secrets qui rendent parfois le présent fragile », comme l’écrit en introduction l’historien Philippe Artières. Fl. Go