Une passation des pouvoirs sur fond de gaz lacrymogènes. Nommé mardi 9 septembre dans la soirée au poste de premier ministre, Sébastien Lecornu a pris ses fonctions mercredi, en remplacement de François Bayrou. Tandis que la police chargeait les manifestants du mouvement Bloquons tout dans les rues de Paris, le premier ministre sortant et son successeur s’entretenaient longuement au premier étage de l’hôtel de Matignon.
Dans la cour, les ministres démissionnaires patientaient. Parmi eux, Gérald Darmanin (justice), qui figurait dans la liste resserrée des premiers ministrables, avait déjà ravalé sa déception de ne pas avoir été promu et s’amusait à compter les chefs de gouvernement qui ont défilé Rue de Varenne depuis 2017. Il en dénombrait huit. Sébastien Lecornu n’est « que » le septième, rectifiait-on autour de lui.
Arrivé à midi, accompagné de son directeur du cabinet, Philippe Gustin, qui travaille à ses côtés depuis une dizaine d’années, le nouveau premier ministre était accueilli par un François Bayrou souriant. Rien ne transparaissait des sentiments peu amènes du Béarnais pour celui qu’il considère comme un « courtisan ». Après la passation des pouvoirs, au cours d’un bref discours, Sébastien Lecornu, magnanime, a salué l’« extraordinaire courage » de son prédécesseur, qui, un jour, « sera reconnu ». Mais il s’est très vite démarqué du maire de Pau. « Il va falloir des ruptures, et pas que sur la forme, et pas que dans la méthode, des ruptures aussi sur le fond », a-t-il asséné l’air grave.