Lors de la saison 2024-2025, 55 % des téléspectateurs du « classique » entre l’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain l’avaient regardé de manière illicite, avait constaté la Ligue de football professionnel (LFP). Des chiffres impressionnants, qui avaient participé à faire de la lutte contre le streaming illégal l’une des priorités de l’instance organisant le championnat de France. Lundi 22 septembre, le pourcentage risque d’être bien plus faible lors de l’affrontement entre les deux places fortes de la Ligue 1 à Marseille (20 heures). Le même jour, la Ligue a annoncé avoir obtenu le droit d’agir préventivement contre des sites de piratage, après une décision du tribunal judiciaire de Paris.
Dans un communiqué, la LFP expose que « le président du tribunal judiciaire de Paris a ordonné le déréférencement par les moteurs de recherche Google et Bing de sites de streaming illégal », qui diffusent les rencontres en direct. De la sorte, les sites concernés n’apparaissent plus dans les résultats des moteurs de recherche, et sont donc invisibilisés. Jusqu’alors, il fallait attendre une décision judiciaire spécifique pour enclencher ces blocages, difficile à obtenir dans les temps du direct – particularité des diffusions sportives.
La LFP a obtenu le même droit contre des sites de « services d’Internet Protocol Television (IPTV) », un système qui permet à certains acteurs de diffuser illégalement via Internet des contenus protégés – moyennant un abonnement peu onéreux. Selon une étude menée par l’instance en novembre 2024, 37 % des personnes ayant regardé la Ligue 1 la saison dernière l’auraient fait de manière illicite (IPTV, messageries cryptées, sites de piratage…).
La LFP a annoncé saisir « l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour étendre les déréférencements aux nouveaux services pirates identifiés en cours de saison ». En juillet, elle avait déjà obtenu des mesures de blocage des sites concernés.
Si la Ligue de football professionnel lutte de la sorte contre les pirates de ses contenus, c’est qu’elle est en proie à une crise des droits télé depuis plusieurs années. En 2020, le fiasco Mediapro – qui avait fermé la chaîne Téléfoot seulement quatre mois après son lancement – a lancé les hostilités. Cet été, la plateforme britannique DAZN a rompu son contrat avec l’instance après une seule saison. La saison 2024-2025 s’est achevée avec une perte d’exploitation record d’environ 1,3 milliard d’euros.
Deux échecs qui ont notamment conduit LFP Media, la filiale commerciale de la Ligue, à lancer le 15 août dernier Ligue 1+, sa propre plateforme de diffusion du championnat de France. Celle-ci retransmet huit des neuf rencontres de chaque journée de championnat – la neuvième étant réservée à BeIN Sports –, et les revenus générés par les abonnements seront ensuite redistribués aux clubs professionnels.
Un pari risqué, mais pour le moment payant. LFP Media a annoncé la semaine dernière avoir dépassé le million d’abonnés, un mois après son lancement. Elle vise, pour la saison 2026-2027, les 1,5 million d’abonnés, comme son prédécesseur DAZN, qui lui n’y était pas parvenu. Et couper les ailes aux pirates des matchs pourrait aider l’instance à atteindre ses objectifs.