Il est aux alentours de 10 heures, vendredi 17 octobre, quand le cercueil de Raila Odinga, figure historique de l’opposition politique au Kenya, pénètre dans le stade Nyayo, à Nairobi. Le ciel est gris, la foule immense. Le cercueil, monté sur une remorque et recouvert du drapeau national, fait le tour du stade sous les clameurs et les sifflets.
Des hommes pleurent, d’autres dansent. Depuis deux heures, une femme en sanglot fait des tours de stade, seule, vacillante, psalmodiant des phrases inaudibles. Un homme soutenu par deux autres, le visage crispé de larmes, avance à pas lents, un collier d’oranges autour du cou, en référence à la couleur de l’ODM, le parti du défunt. Il y a tant de monde qui se presse pour voir la dépouille qu’une bousculade fait plusieurs dizaines de blessés dans l’après-midi.
M. Odinga est mort deux jours plus tôt, à 80 ans, d’un arrêt cardiaque alors qu’il se trouvait en Inde pour recevoir des soins. William Ruto, le président kényan, a décrété sept jours de deuil national et annoncé ce vendredi d’octobre férié pour la cérémonie d’enterrement de celui qui était encore il y a quelques mois son plus redoutable adversaire politique.