Pantalon ample et bottines noires d’où dépassent d’« impardonnables » chaussettes de sport blanches, Charlotte Taylor a une présence affirmée tranchant avec son teint pâle. La designer britannique de 30 ans, qui s’est d’abord fait connaître par ses intérieurs virtuels et multiplie aujourd’hui les projets d’aménagement à travers le monde, aime littéralement investir l’espace.
Lors du dernier London Design Festival, en septembre, les visiteurs la trouvaient souvent allongée au milieu de sa propre exposition, sur un lit en acier de sa création, pièce maîtresse d’une collection de mobilier en gestation.
C’est ainsi qu’elle accueillait le public, somnolant, lisant ou travaillant. « Cela a parfois déconcerté les gens, qui ne savaient plus trop s’ils pouvaient entrer ou pas ! Mais c’est une exposition de design, faite pour être habitée », assume la Londonienne quelques heures avant le démontage de son installation.
« Soft World, Sharp Edges » (« un monde doux, des bords tranchants ») évoque une chambre laissée en plan par un occupant pressé, parti en claquant la porte. Charlotte Taylor y a mêlé ses créations à une sélection d’objets et de petit mobilier signés par 37 créatrices choisies « par affinités » : une patère en métal brossé de la designer française Wendy Andreu, une applique en résine des Néerlandaises de Forever Studio, une couverture en laine de l’artiste textile Grace Atkinson…