Plus encore que la dégradation des comptes publics, l’agence de notation S&P (anciennement Standard and Poor’s) a sanctionné, vendredi 17 octobre, le chaos politique français. Elle a annoncé qu’elle abaissait la note française de AA? à A+, passant de la quatrième à la cinquième meilleure note. Cette décision était largement attendue, mais pas à cette date ; S&P devait initialement se prononcer le 28 novembre.
A la place, l’agenda politique lui a forcé la main, explique-t-elle : « Les raisons de cette déviation [du calendrier] sont la série de récentes motions de censure au Parlement, limitant les progrès pour consolider les finances publiques de la France. » Pour l’agence, la bataille rangée des parlementaires, avec l’élection présidentielle en ligne de mire, signifie qu’il n’y a guère d’espoir de voir une réduction du déficit. « De notre point de vue, l’incertitude sur les finances publiques va rester élevée jusqu’en (…) 2027. Un exemple de cela est la décision du nouveau gouvernement de suspendre la réforme des retraites. » S&P fait ainsi un lien direct entre cette victoire politique du Parti socialiste et l’accélération de son calendrier pour abaisser la note de la France.
Elle est par ailleurs extrêmement sévère sur l’état politique du pays. « La France connaît l’instabilité la plus sévère [en la matière] depuis la création de la Ve République, en 1958. Depuis mai 2022, Emmanuel Macron a connu deux Parlements sans majorité et une fragmentation politique qui s’intensifie, qui ont mené à six premiers ministres en trois ans. »
Dans ces circonstances, S&P ne croit pas les promesses du gouvernement de Sébastien Lecornu de faire des efforts budgétaires l’année prochaine. Pour 2025, le déficit annoncé par Bercy à 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) devrait être tenu, estime-t-elle. Mais pour 2026, l’agence table sur 5,3 % du PIB, loin de l’objectif gouvernemental de 4,7 %. Pour la dette, qui était de 112 % du PIB fin 2024, elle prévoit 121 % fin 2028.