Le cirque de Mourèze, au cœur de l’Hérault, est un lieu bien gardé ! Avant de tomber nez à nez sur ses colonnes de calcaire pouvant atteindre 30 mètres de haut, il faut traverser le parc des Courtinals, un enclos de parois rocheuses où vivaient, il y a cinq mille ans, les premiers habitants de Mourèze. Installé sur l’une des falaises de cette porte d’entrée naturelle, on aperçoit enfin le paysage fantasmagorique et lunaire du cirque.
Certes, les anciens du village vous diront qu’il était beaucoup plus désertique autrefois, avant que le pin d’Alep ne colonise les lieux. Mais il n’est pas difficile d’imaginer ses géants de pierre aux formes irrégulières dénués de broussaille et de végétation. Nus. Comme les a découverts, en 1840, le baron Isidore Taylor (1789-1879), à qui l’on doit plusieurs lithographies de Mourèze.
Dans un volume de ses Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (Ed. de Crémille, 1890) consacré au Languedoc, le baron ne manque pas d’imagination pour décrire ce labyrinthe de rochers spectaculaires au clair de lune : « Ce sont quelquefois des fantômes humains errant parmi des édifices inconnus, mais toujours grandioses ; d’autres fois, des monstres qui ne peuvent habiter qu’un monde livré aux gnomes. Au jour, c’est simplement une roche, la dolomie granulaire d’un gris jaunâtre. »