« Contrairement à ce que prétend l’extrême droite populiste, les peuples sont convaincus de la réalité du changement climatique »

Il y a peu, l’Union européenne (UE) pouvait se prévaloir d’avoir mis en branle une transformation radicale de l’économie du Vieux Continent. Avec l’objectif 2050 de neutralité carbone, le cap était fixé et, bon gré mal gré, tous les acteurs, publics comme privés, s’inscrivaient dans cette perspective. Les jalons sur la voie d’une économie décarbonée – comme l’interdiction de mettre sur le marché des voitures à moteur thermique dès 2035, ou la forte baisse des émissions programmée pour 2040 – guidaient les anticipations et déterminaient les stratégies des entreprises. A coups d’exhortations, de réglementations et de subventions, l’UE avait engagé l’économie des Vingt-Sept sur une nouvelle trajectoire. Les réticences de certains Etats, comme la Hongrie et la Pologne, n’avaient pas réussi à enrayer la marche vers l’économie verte.

Le paysage est bien différent aujourd’hui. Le 9 octobre, Friedrich Merz, le chancelier allemand, a déclaré qu’il allait « tout faire » pour éviter que 2035 soit une date couperet.

Quelques semaines plus tôt, constructeurs automobiles et sous-traitants avaient demandé, dans une lettre conjointe à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, un assouplissement des exigences fixées pour cette date. Arguant de la faible pénétration des véhicules électriques, ils plaident que l’objectif retenu est impossible à atteindre et proposent de faire place à d’autres options, comme les hybrides rechargeables ou les véhicules thermiques efficients.

Et il n’y a toujours pas d’accord entre les Etats sur les objectifs de baisse des émissions pour 2035 et 2040, si bien que l’UE a manqué la date butoir avant laquelle elle devait notifier ses objectifs climatiques à l’Organisation des Nations unies en vue de la COP30, la conférence climat, qui se tiendra, du 10 novembre au 21 novembre, à Belem, en Amazonie, au Brésil.

Il y a plusieurs raisons à ce qui commence à ressembler à une reculade. La première est politique : alors que la loi climat de 2021 répondait à une volonté exprimée lors du scrutin de 2019 et avait été portée au Parlement européen par une coalition entre centre-gauche, centre-droit, libéraux et écologistes, celle-ci, toujours majoritaire sur le papier, est aujourd’hui fragilisée par des alliances de rencontre entre droite et extrême droite. Le Parti populaire européen dispose aujourd’hui d’alternatives au compromis avec la gauche, et il ne manque pas de les utiliser à l’occasion. La contestation du pacte vert est un terrain particulièrement fertile pour l’émergence de ces alternatives.

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