« Evitez de partager des vidéos ou photos qui encourageraient le chaos (…). Cela serait considéré comme une action criminelle, contre laquelle une action en justice sera engagée. » Le SMS, envoyé par le gouvernement, est parvenu, lundi 3 novembre, sur tous les téléphones tanzaniens. Il a sonné comme une mise en garde, alors que les autorités venaient de rétablir partiellement les réseaux Internet dans le pays, après les cinq jours de coupure totale qui ont suivi l’élection présidentielle.
Car, avec le retour balbutiant de la 4G et de l’accès aux réseaux sociaux, la réalité de trois jours de violence sans précédent a commencé à apparaître. Les vidéos de morts et de blessés lors des protestations qui ont entouré le scrutin de mercredi 29 octobre se sont mises à déferler sur les portables. Sur l’une d’elles, que Le Monde a pu vérifier, on voit quelqu’un à terre, les yeux fermés, le tee-shirt blanc maculé de sang. Alors que deux personnes tentent de le déplacer, une voix hors cadre s’exclame « il revient ! » et tous partent en courant, laissant l’homme, inconscient, au milieu d’une rue. D’autres films diffusés sur les réseaux sociaux – que Le Monde n’a pu authentifier – montrent des corps amoncelés les uns sur les autres, d’autres encore, des forces de l’ordre qui ouvrent le feu sur des protestataires non armés.