Le mot « résilience » est utilisé dans le langage courant depuis plusieurs décennies pour décrire les suites de situations exceptionnellement graves, comme celle de ces otages israéliens détenus deux années dans l’obscurité, ou dans un contexte de douleur morale ou physique. Ce terme, qui qualifie à l’origine la résistance au choc d’un métal, désigne en psychologie la capacité d’un individu à surmonter une épreuve traumatisante.
D’un point de vue neuroscientifique, il semble que le mécanisme de flexibilité émotionnelle soit crucial pour permettre la résilience. Cette capacité permettrait de nous adapter rapidement et de manière dynamique à toutes les situations, y compris menaçantes.
Pour tester cette hypothèse, Michèle Tugade et Barbara Frederickson, de l’université de Boston ont proposé à 57 volontaires de répondre à un questionnaire en vue de les catégoriser en « peu résilients » ou « très résilients ». Les chercheurs leur ont ensuite annoncé qu’ils devraient donner une conférence en public, les encourageant à se préparer à parler le plus clairement possible, tout en leur indiquant qu’ils seraient filmés pour évaluer plus tard leur prestation. Le rythme cardiaque des sujets a été enregistré tout au long des annonces. Sans surprise, il s’est accéléré pour chacun des participants.
Dans un second temps, on leur a expliqué qu’il n’y aurait finalement pas de conférence. Alors que les sujets notés comme « très résilients » récupéraient immédiatement un rythme cardiaque plus lent, ceux évalués comme « peu résilients » conservaient un rythme rapide, similaire à celui observé à l’annonce de la situation stressante.
La résilience serait ainsi associée à une capacité de récupération physiologique plus rapide. Les auteurs ont également observé que les sujets les plus résilients jugeaient la situation comme positive malgré son aspect stressant. La capacité à rebondir et à trouver du positif en toute chose, que l’on considère souvent comme la conséquence d’une attitude résiliente, pourrait donc être à l’origine de celle-ci.