Dans un silence d’église, Thérèse Brunisso égrène les noms des patients de la clinique Saint-Vincent de Besançon, dont la mort hautement suspecte a déjà été examinée par la cour d’assises du Doubs depuis l’ouverture des débats, neuf semaines plus tôt. Le ton de l’avocate générale est solennel : « M. Iehlen, Mme Ziegler, Mme Noblet, Mme Varguet, Mme Gaugey, M. dos Santos, M. Benoît… Ça fait beaucoup de morts, non ? »
L’audience du mardi 4 novembre marque le dixième interrogatoire de l’anesthésiste Frédéric Péchier, accusé de 30 empoisonnements. « Oui, rétorque le médecin à la barre, mais il faut lisser ça sur dix années. Il y a des interventions chirurgicales à risque et, forcément, il y a de la casse. » La seconde avocate générale, Christine de Curraize, ne laisse pas passer. « Ça n’a pas de sens, il n’y a rien à lisser puisque c’est totalement anormal : on parle d’em-poi-son-ne-ments ! », s’exclame-t-elle. « S’il y a un empoisonneur, il faut le trouver, mais ce n’est pas moi », objecte, sans ciller, Frédéric Péchier, soutenu avec force par son avocat, Randall Schwerdorffer, lequel ne cesse de fustiger l’« imagination » du ministère public.