Dans le courant des années 1970, lorsqu’elle publie dans des revues des essais sur les femmes, inédits en français et édités ces jours-ci chez Bourgois sous le titre A propos des femmes (traduit de l’anglais par Nathalie Bru), Susan Sontag (1933-2004) n’arbore pas encore sa fameuse mèche blanche, mais elle est déjà célèbre. Elle est une intellectuelle prolifique, une mondaine qui donne le « la » de la vie culturelle new-yorkaise et une personnalité engagée politiquement – à l’époque contre la guerre du Vietnam, comme elle le sera plus tard en montant En attendant Godot, de Samuel Beckett, avec des comédiens bosniaques à Sarajevo, en 1993.
Elle a déjà écrit Le Style camp (1964), Contre l’interprétation (1966), et s’apprête à rédiger sur la photographie six textes qui font encore autorité. Elle vit librement son homosexualité, en partageant un temps la vie de la photographe Annie Leibovitz, sans jamais pour autant en parler publiquement, mais a aussi des histoires d’amour avec des hommes (le peintre Jasper Johns, entre autres). Elle a été mariée à un universitaire, Philip Rieff, avec lequel elle a eu un fils, David. Cette collection d’articles enfin disponibles diffuse des idées devenues courantes avec le temps, mais la hauteur de vue et la liberté de Sontag leur insufflent une originalité et une vigueur justifiant leur lecture.