Le métier d’agent littéraire peut-il encore faire débat en France ? Peut-être, mais de moins en moins. Les agents littéraires français travaillent en bonne entente, et avec pragmatisme, avec la très grande majorité des éditeurs français. Cette révolution dans les mentalités, car il y eut de fortes résistances au XXe siècle, s’est faite progressivement, au fil des vingt-cinq dernières années. Cette adaptation aux nouvelles donnes du marché du livre était indispensable.
En quoi consiste la profession ? Comme pour un comédien, un réalisateur ou un musicien, il s’agit d’abord d’accompagner un auteur ou une autrice dans les différentes étapes de sa carrière : l’écriture, la mise en forme d’un texte, sa présentation à un ou plusieurs éditeurs, la négociation d’un contrat, l’accompagnement au moment de la sortie du livre, sa présentation – et les négociations qui s’ensuivent – à des éditeurs étrangers et à des producteurs de cinéma et de télévision, la vérification des relevés de droits, le versement des droits dus…
Plus simplement, cet ensemble de services s’inscrit dans un temps long qui consiste à élaborer des stratégies et œuvrer au rayonnement d’un auteur, idéalement pour toute la durée de sa carrière. Pour ce faire, il va de soi que l’agent doit avoir une vision globale des marchés du livre internationaux, posséder un solide carnet d’adresses, cumuler un grand nombre d’expertises, puisque se recoupent des questions artistiques, économiques, financières et juridiques devant être traitées toutes à la fois.
Le rôle d’un agent littéraire est donc d’aider les auteurs à comprendre les enjeux, le fonctionnement de la chaîne du livre, mais aussi la nature de leurs droits et obligations dans le cadre légal de la propriété intellectuelle, ce qui n’est pas aisé à décrypter sans connaissances préalables. Beaucoup d’agents littéraires français sont d’anciens éditeurs qui connaissent bien le fonctionnement des maisons d’édition, ont pu y jouer un rôle significatif, et connaissent les besoins des auteurs et des éditeurs. Ils ne parlent à l’évidence pas que d’argent ; réduire leur rôle à cela serait caricatural. La plupart d’entre eux veillent scrupuleusement à présenter des textes au plus près des attentes des professionnels du secteur. N’oublions pas que l’éditeur est le représentant d’une société, voire d’un groupe, qui peut peser des centaines de millions d’euros et être doté de services juridiques et administratifs aguerris. La relation entre un auteur et un éditeur n’est pas un tête-à-tête facile et équilibré, et remettre en cause le droit d’un auteur à être accompagné et conseillé par un agent n’est plus de mise.