Chen Dawei est menotté et derrière les barreaux. Son gilet bleu de prisonnier numéro 307-01 laisse apparaître les nombreux tatouages sur ses bras. Assis sur la chaise du tigre, un fauteuil métallique empêchant les suspects de bouger durant les longs interrogatoires, il répond aux questions des enquêteurs. Il leur détaille comment il a ordonné à ses hommes de lui trouver arbitrairement une personne retenue dans un centre d’arnaque en ligne pour l’exécuter, un sacrifice pour prouver sa loyauté au syndicat du crime et grimper dans ses rangs. « Après avoir abattu cette personne, lorsque vous vous êtes agenouillé pour prêter allégeance à la fraternité, qu’avez-vous ressenti ? », lui demande un policier. « Je n’ai rien ressenti », lâche l’accusé.
La scène a été diffusée mi-octobre à la télévision chinoise. Le réseau d’Etat CCTV a une longue pratique de l’exploitation de vidéos d’aveux sous la contrainte. Cette fois, c’est une émission équivalente à « Faites entrer l’accusé » qui se penche en plusieurs épisodes sur les centres d’arnaques en ligne qui ont pullulé en Asie du Sud-Est, surtout en Birmanie et au Cambodge, et où sont exploitées en majorité des victimes chinoises par des mafias elles-mêmes d’origine chinoise.