Budget 2026 : « C’est parce que le contexte budgétaire est difficile qu’il faut miser sur la recherche »

Investir dans la recherche, c’est garantir notre capacité collective à comprendre et à anticiper. Or, le budget de la recherche publique stagne : depuis vingt ans, les gouvernements successifs ne tiennent pas leurs promesses de le porter à un niveau équivalent à celui d’autres pays développés et conforme aux engagements européens de la France. La trajectoire financière de la loi de programmation de la recherche de 2020 n’a jamais été respectée : près de 2 milliards d’euros cumulés manquent déjà à la recherche publique. En l’état, le projet de budget 2026 creuserait encore ce déficit.

Ce désinvestissement se voit sur le terrain. La récente enquête en ligne du Collège des sociétés savantes académiques de France sur le financement de la recherche publique confirme une stagnation ou une dégradation de trois indicateurs-clés pour la qualité de la recherche publique : le temps consacré à la recherche, les moyens financiers disponibles et la stabilité des dispositifs dans le temps. Elle révèle aussi un fossé grandissant entre le sens que les scientifiques donnent à leur travail et leur perception des priorités du gouvernement. Cette enquête traduit une profonde mécompréhension et une sous-évaluation par les décideurs politiques de l’ampleur et de la rapidité d’action de la recherche sur la société.

Prenons l’exemple d’un sujet en apparence éloigné des préoccupations quotidiennes : l’étude des micro-organismes présents dans les plantes, les animaux ou les écosystèmes. Au début des années 1980, la très grande majorité de ces organismes n’étaient pas cultivables en laboratoire et donc mal connus. Cette ignorance avait des conséquences très concrètes.

On attribuait ainsi au stress les ulcères gastriques ou duodénaux qui causaient chaque année en France près de 50 000 hospitalisations et des coûts directs et indirects de plus de 1 milliard d’euros en valeur actualisée. L’identification par la recherche publique de la cause bactérienne de cette maladie, Helicobacter pylori, a tout changé : un traitement antibiotique simple, efficace, utilisant des médicaments déjà connus, a divisé les coûts de cette pathologie pour la société d’un facteur 4 à 10 en l’espace d’une décennie.

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