Coup de cœur pour une merveille de représentation mise en scène avec élégance par Emmanuel Noblet : dans la minuscule salle Roland-Topor du Théâtre du Rond-Point, à Paris, fraîche comme le printemps dans son pull vert et son pantalon blanc, la blonde Marie-Sophie Ferdane ressuscite la brune Barbara (1930-1997), sans chercher à imiter son modèle.
Composé à partir des propos de la star (courriers privés ou entretiens), le spectacle installe la comédienne dans la blancheur éclatante d’un studio de radio. Deux tables, des micros colorés, le clavier d’un synthétiseur devant lequel prendra place le musicien complice Olivier Marguerit : l’actrice arrive de la coulisse en s’excusant presque d’être là. Elle fait les questions et les réponses : « Qui est Barbara ? Barbara, cela ne m’intéresse pas du tout. » Le ton donné est à l’image de l’icône, dont le fort tempérament se déploie pendant près d’une heure vingt. Vives, franches et ironiques, les paroles de Barbara disent son talent, son humour, sa sensibilité et une intelligence jamais prise en défaut.
Marie-Sophie Ferdane, la grâce incarnée, chantera in extenso, sa voix troublante de sensualité, L’Eau à la bouche, de Serge Gainsbourg, alors qu’elle ne fredonnera que deux ou trois mesures de son inspiratrice. C’est Olivier Marguerit, formidable partenaire, qui se charge de faire entendre le monumental Dis, quand reviendras-tu ?. Le public frémit, magie du moment, communion silencieuse : l’émotion déferle dans la salle.