Selon le quotidien The Telegraph, Brendan Carr, le président de la Commission fédérale des communications (FCC), le régulateur de l’audiovisuel américain, et proche allié du président américain, a écrit mercredi 19 novembre aux dirigeants de la BBC et à deux chaînes de télévision américaines.
Objectif : s’enquérir d’une éventuelle diffusion aux Etats-Unis du magazine d’information Panorama, qui contenait le montage trompeur d’un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, donnant l’impression que le président américain incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.
Sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), le régulateur américain n’a pas immédiatement réagi. La BBC a, pour sa part, simplement confirmé jeudi à l’AFP « avoir reçu cette lettre », sans plus de commentaires.
Dans la missive, dont The Telegraph reproduit certains extraits, Brendan Carr affirme que le montage trompeur de la BBC « donne l’impression que le président Trump a prononcé une phrase qu’il n’a en réalité jamais dite ». « Cela semble correspondre à la définition même de la publication d’une déclaration matériellement fausse et préjudiciable », écrit-il encore, selon The Telegraph. « Bien que la BBC ait présenté ses excuses, affirmant que le programme avait produit ce qu’elle reconnaît maintenant comme un “effet erroné”, des préoccupations subsistent », poursuit-il.
Relevant que la BBC entretient « plusieurs partenariats avec des diffuseurs américains, dont PBS et NPR, pour distribuer des programmes de la BBC en Amérique », Brendan Carr entend savoir si le groupe britannique « a fourni soit la vidéo, soit l’audio du discours monté à NPR, PBS ou à tout autre diffuseur réglementé par la FCC pour diffusion aux Etats-Unis ».
Cette affaire a plongé dans la tourmente la BBC, institution britannique dont la réputation dépasse largement les frontières du pays, et a entraîné la démission de son directeur général et de la patronne de la chaîne d’information du groupe.
Son président a depuis adressé des excuses personnelles au président américain, mais ce dernier a annoncé son intention de poursuivre le géant audiovisuel pour diffamation, pour un montant qui pourrait atteindre 5 milliards de dollars.
Lundi, dans un message adressé au personnel, le président du groupe a assuré être « déterminé » à se défendre contre Donald Trump.
L’affaire survient dans le cadre d’un bras de fer constant entre l’administration Trump et les médias. Le président républicain multiplie, depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, les attaques verbales contre les journalistes représentant des médias qu’il juge hostiles, ou des animateurs de late-night shows qui le passent régulièrement sur le grill.
Vendredi dernier, Donald Trump avait violemment réagi alors qu’une journaliste d’ABC l’interrogeait sur l’affaire du délinquant sexuel Jeffrey Epstein – scandale dans lequel son gouvernement se trouve empêtré depuis des mois. Il l’a interrompue, s’est penché vers elle, l’a montrée du doigt en lui lançant : « Tais-toi. Tais-toi, la truie ! » (« Quiet, quiet piggy »).
Un grand nombre de médias américains et internationaux, dont le New York Times, Fox News, Associated Press et l’AFP, ont par ailleurs refusé en octobre de signer un document du Pentagone établissant des mesures restrictives, au risque d’y perdre leur accréditation.
Et en septembre, une centaine de médias et d’organisations de presse internationaux, dont l’AFP, ont demandé à l’administration de renoncer à raccourcir la durée des visas américains pour les journalistes étrangers.