Replacer les temps de l’enfant au centre de l’éducation

Organiser l’école en fonction des besoins des 14 millions d’enfants que compte la France, ne jamais oublier ces 0-18 ans dans l’élaboration des politiques publiques, ce ne sont pas seulement des nécessités de l’heure, mais des impératifs pour l’avenir du pays. Particulièrement au moment où s’accumulent les constats alarmants sur la santé mentale des jeunes, la crise de la parentalité, les faiblesses du système scolaire et l’emprise des réseaux sociaux. C’est pourquoi il faut saluer et mettre en œuvre les propositions contenues dans le rapport adopté, dimanche 23 novembre, par la convention citoyenne sur les temps de l’enfant.

Loin des pesanteurs bureaucratiques, corporatives ou politiciennes, les 133 citoyens tirés au sort ont livré une série de propositions sur l’ensemble des sujets liés à l’enfance, nourries d’une expertise collective acquise après la consultation d’experts. En adoptant ces orientations à une large majorité, les membres de la convention témoignent, en pleine crise parlementaire sur le budget, de la possibilité de dégager des compromis, même sur des sujets clivants.

Le quasi-consensus sur la proposition phare de la convention, le retour d’une semaine à cinq jours – au lieu de quatre aujourd’hui dans 90 % des écoles –, contraste avec le tollé qu’avait suscité en 2013 la réforme dans un sens analogue du ministre Vincent Peillon. Tourné vers l’« intérêt de l’enfant », le rapport préconise des changements drastiques pour le système scolaire : cours limités au créneau 9 heures-15 h 30 et à une durée de 45 minutes, diminution des devoirs à la maison, dissociation entre enseignements théoriques, d’une part, pratiques, artistiques et sportifs, de l’autre, etc.

Bienvenus, ces changements permettraient à la France d’amorcer enfin une rupture avec une organisation singulière en Europe, dénoncée depuis des années par les pédagogues et les chronobiologistes, qui surcharge des journées scolaires au total moins nombreuses que chez nos voisins. Preuve de son indépendance politique, la convention a rejeté la proposition d’Emmanuel Macron de raccourcir les vacances d’été, préférant une « reconquête » du mois de juin. Mais elle abonde dans le sens du président de la République en prônant l’interdiction avant l’âge de 15 ans de l’accès aux réseaux sociaux, en constatant leur « impact majeur sur la santé ».

Il reste à vaincre bien des conservatismes et des inerties avant qu’une telle politique globale en faveur de l’enfance soit engagée. Le silence de l’exécutif depuis la fin de la convention citoyenne et les critiques des syndicats d’enseignants ne sont pas de bon augure. Ces derniers ont raison de souligner que la revalorisation des carrières constitue une condition sine qua non des évolutions proposées. Mais le principe, trop souvent oublié, selon lequel les besoins des jeunes, et non les contraintes des adultes, doivent être placés au centre des institutions éducatives doit enfin prévaloir. Trop souvent éclipsée par les questions scolaires, la nécessité de généraliser l’éducation à la parentalité doit aussi être prise en compte.

Si l’actuelle fragmentation politique rend incertaines des avancées à court terme, la convention citoyenne a posé des jalons, clairement soutenus par la société civile, autour desquels doivent s’organiser les prochains débats électoraux. A commencer par celui du scrutin de mars 2026 pour le renouvellement des municipalités, qui sont au cœur des questions de l’école et des temps de l’enfant.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario