Il ne reste plus rien, ou presque : pas une affiche, pas un tag, pas même une petite enseigne à l’ombre d’une rue. En ce dimanche de la mi-juillet, le quartier de Sulukule, pointe extrême de la péninsule historique d’Istanbul, écrasé par les murailles byzantines de Théodose et un soleil de feu, somnole en silence. Les inscriptions en arabe ont disparu, les publicités et les écriteaux des entrepreneurs syriens se sont effacés. La « petite Syrie », comme l’ont surnommée les médias à sensation turcs dès les premières arrivées des familles syriennes fuyant les horreurs de la guerre civile déclenchée en 2011, s’est comme évanouie.

Il faut passer le hall d’entrée d’un immeuble pour lire une affichette rédigée en turc et en arabe : « N’ouvrez pas la porte de votre bloc à des étrangers – Evitez les comportements qui peuvent déranger vos voisins. » Un peu plus bas, au détour d’une artère commerçante, écrit en forme de sous-titre d’un écriteau publicitaire, le nom en arabe d’un artisan syrien « spécialiste en décoration et tous travaux » sur la devanture de sa boutique.

« Nous, Syriens, sommes toujours là, glisse d’un sourire contenu un client qui ne souhaite pas donner son nom. Nous sommes seulement plus discrets. » La cinquantaine, deux enfants, l’homme originaire de Damas ajoute avant de tourner les talons : « Beaucoup d’entre nous veulent rentrer au pays, mais pas tant que la situation y restera aussi instable. » Allusion directe aux récentes violences confessionnelles survenues dans le sud et à l’ouest du pays, mais aussi à la pauvreté, au manque d’infrastructures et aux défis colossaux auxquels la Syrie est confrontée.

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