Depuis plusieurs semaines, l’hôpital de Begi, situé à 700 kilomètres à l’ouest d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, fait face à une nouvelle urgence : des femmes enceintes, certaines frôlant la mort, se présentent devant ses portes, après un trajet chaotique en charrettes tirées par des ânes. Elles ne peuvent plus se rendre au centre de santé du village voisin d’Arma Gunfi et doivent constamment repousser leurs déplacements en raison de l’insécurité qui perdure en Oromia. Une situation qui s’est aggravée ces derniers mois dans la partie ouest de la région.
Depuis 2018, ce territoire grand comme la Côte d’Ivoire qui enserre la capitale Addis-Abeba, est en proie à un violent conflit entre les forces fédérales et les insurgés de l’Armée de libération oromo (ALO). Eclipsés un temps par la guerre au Tigré, de novembre 2020 à novembre 2022, les combats en Oromia sont pourtant quotidiens. Et ses conséquences, « dévastatrices sur les civils », alerte le Comité international de la Croix-Rouge dans un communiqué publié le 31 juillet.
D’après l’organisation, « de nombreuses personnes sont régulièrement tuées ou blessées » dans la région. Il n’existe pas de chiffres officiels comptabilisant le nombre de victimes. Mais selon l’organisation américaine ACLED, plus de 5 000 personnes sont mortes depuis 2018. « Les lignes de front en constante évolution » et « des accrochages fréquents » rendent les déplacements « particulièrement difficiles et dangereux ». Pour certaines femmes enceintes originaires d’Arma Gunfi, il est parfois trop tard. D’après Asiya Abdela, agricultrice de ce village citée dans le communiqué de la Croix-Rouge, à cause « [du] manque de médicaments et de services de santé, nombre [d’entre elles] sont décédées ».