Amnesty International accuse des groupes armés, dont le Mouvement du 23 mars (M23), d’avoir commis des viols collectifs, des exécutions sommaires et des enlèvements dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), dans un rapport publié mercredi 20 août. Riche en ressources, l’est de la RDC est en proie à des conflits depuis trente ans, et les violences se sont intensifiées depuis 2021 avec la résurgence du groupe antigouvernemental M23, qui s’est emparé des grandes villes de Goma, en janvier, puis de Bukavu, en février.
Le M23, soutenu par le Rwanda, ainsi que des milices locales affiliées à Kinshasa « ont infligé des viols collectifs à des femmes et fait subir à des civils des atteintes aux droits humains généralisées », qui « pourraient s’apparenter à des crimes de guerre », a affirmé Amnesty International dans ce rapport.
Amnesty affirme s’être entretenue avec plus de 53 victimes et témoins pour élaborer ce rapport. « Toutes les victimes de viols collectifs commis par des combattants du M23 ont expliqué que les auteurs des agressions portaient des uniformes ressemblant à ceux du M23 et s’exprimaient en kinyarwanda, langue parlée par certains combattants du M23 », ont assuré les auteurs.
Dans l’est de la RDC, « les femmes ne sont en sécurité nulle part : elles sont violées chez elles, dans les champs ou dans les camps où elles cherchent refuge », a dénoncé Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, cité dans ce rapport.
Des combattants du M23 « se sont également livrés à des atteintes aux droits humains contre des membres de la société civile, des journalistes et des avocats », selon Amnesty, qui cite notamment des « actes de torture » et « des disparitions forcées ». Amnesty assure également disposer d’éléments montrant que le M23 s’est rendu coupable de cinq exécutions sommaires.
« La brutalité des parties belligérantes ne connaît aucune limite. Ces atrocités visent à punir, intimider et humilier les civils », a déclaré Tigere Chagutah. « Le Rwanda et la RDC ne peuvent continuer à fuir leurs responsabilités, ils doivent amener tous les auteurs présumés à répondre de leurs actes », a-t-il ajouté.
Les violences contre les civils continuent dans l’Est, où les affrontements de ces dernières semaines entre le M23 et l’armée congolaise appuyée par des milices locales ont fait des milliers de déplacés. Plus de 2 millions de personnes ont été forcées de quitter leur domicile depuis janvier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où le M23 est actif.