Comment l’héritage révèle les inégalités persistantes entre frères et sœurs

Membre d’une fratrie de cinq enfants, Françoise (les personnes citées n’ont pas donné leur patronyme) a pris conscience sur le tard que sa sœur et elle-même n’avaient pas été élevées de manière tout à fait égalitaire avec leurs trois frères. Le déclic est survenu au moment de l’héritage, après la mort de leur père. « Il fallait que la maison familiale reste à un héritier mâle, témoigne l’ancienne médecin de 77 ans. Quand il s’agissait d’histoires d’adultes sur les affaires de famille, avec ma sœur, on se sentait écartées des décisions, et c’était blessant pour nous. »

Sur le papier, les lois sont pourtant très claires en matière de succession : depuis le code civil de 1804, les enfants ou leurs descendants succèdent de façon égalitaire à leurs ascendants « sans distinction de sexe ni de primogéniture ». La réforme du droit de succession, en 2001, a renforcé cette promesse d’égalité, en octroyant les mêmes droits successoraux aux enfants nés hors mariage ou non reconnus.

Pourtant, dans les faits, la société a du mal à se déprendre des mécanismes ancestraux qui établissent une hiérarchie entre filles et garçons, entre femmes et hommes, entre frères et sœurs. « Au moment du partage de l’héritage, on voit réapparaître des inégalités de genre couplées à des inégalités de droit d’aînesse », relève Kevin Diter, maître de conférences en sociologie à l’université de Lille.

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