Les tribus des pieds : ce que les claquettes-chaussettes disent de nous

Existe-t-il des tribus du pied ? Ou, pour le dire autrement, la manière dont vous exhibez, chaussez, découvrez, personnalisez vos petons l’été venu raconte-t-elle votre appartenance sociale ? Pour Ronan Chastellier, sociologue et auteur de Tendançologie. La fabrication du glamour (Eyrolles, 2008), la réponse à cette question simple est complexe : « En premier lieu, ce que le pied exprime en été, c’est un élan vers les vacances. La tong peut être adoptée par tout le monde, parce qu’elle évoque justement cette aspiration à rompre avec les codes vestimentaires contraignants du monde du travail. Plus on approche de la plage, plus les différences sont gommées. La tong, c’est l’absolu de la chaussure transclasse. »

Pour de multiples raisons, il est aujourd’hui difficile de conclure catégoriquement à une forme quelconque d’appartenance en regardant simplement vos pieds et ce qui les habille. Si l’on prend l’exemple des claquettes-chaussettes, leur association à la culture de cité – Alrima, dans son hit Claquettes-chaussettes, chantait en mode manifeste : « Même en claquettes, on est bien sapés » – ne suffit pas aujourd’hui à expliquer le phénomène. Les claquettes-chaussettes ont débordé de leur territoire symbolique originel pour être adoptées par une frange élargie de la population revendiquant un état d’esprit « street pépouze » – on ne s’embarrasse pas des convenances stylistiques et l’on privilégie le confort. Mais ce combo peut aussi trahir un féru de foot qui se rejoue la scène du petit déjeuner de l’équipe de France à Clairefontaine, un hipster amateur du 150e degré, un fétichiste des chaussettes en coton. Bref, les pistes sont multiples.

De même pour les espadrilles, elles peuvent tout aussi bien flécher un Basque bien dans son patrimoine qu’un touriste au climax de l’appropriation culturelle – le pendant du type qui porte une marinière et des bottes Armor-Lux quand il loue en Bretagne. « Quelque chose dans ces chapelles stylistiques a résolument explosé, reconnaît Ronan Chastellier. Un jeune du 16e arrondissement de Paris en vacances peut passer de la chaussure bateau à la claquette Umbro achetée à Action sans aucun problème. »

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