Memoria face storia. L’histoire est faite de mémoire. Le slogan barre les tee-shirts orange ou noirs qui se vendent comme des petits pains sous le chapiteau de fortune où ont convergé, vendredi 22 août, plus d’un millier de militants nationalistes, à Aléria (Haute-Corse), afin de commémorer les événements sanglants survenus un demi-siècle plus tôt. Mais il ne subsiste rien ou presque de la cave viticole ayant appartenu à Henri Depeille – un Français né en Algérie et arrivé en Corse en 1958 – qui a été occupée en 1975 par les militants de l’Action pour la renaissance corse (ARC) sous la conduite d’Edmond Simeoni, le père de l’actuel président de l’exécutif de la Corse.
Le bâtiment a été rasé en 2012 et sur ce terrain jouxtant une déchetterie, aujourd’hui propriété de la Collectivité de Corse, trône désormais une stèle massive en vert d’Orezza (une pierre semi-précieuse), une fresque peinte sur les vestiges des dépendances de la cave, un mât portant un vaste drapeau à tête de Maure et une quinzaine de panneaux historiques. Le tout a même été béni en fin de journée par un diacre avant que ne soit entonné le Dio vi salvi Regina, l’hymne corse. Jusqu’ici, une discrète cérémonie se tenait chaque année en bord de route derrière une plaque commémorative, presque en catimini.