On s’était promis « d’éviter les trucs touristiques » : « On passait dans le coin, ç’aurait été con de ne pas y aller »

Cet été, plus encore que les précédents, on évitera de passer pour un touriste. Ce n’était déjà pas très flatteur mais il y a désormais pire : participer au « surtourisme », être de ceux qui se font arroser au pistolet à eau à Barcelone ou contre qui on installe des banderoles à Majorque. Même les agences de voyages ont intégré le fait qu’elles devaient désormais s’adresser à des gens qui veulent partir en vacances en se convainquant qu’ils n’ont rien à voir avec le tourisme.

Voyageurs du monde a désormais sur son site une rubrique « A contre-courant » et incite dans une newsletter à partir en Argentine sur les pas du Che, tandis que WeRoad propose des séjours « Edimbourg et les Highlands comme un local ». Dans Paris Match, on apprend que 700 000 heures, une entreprise de voyage immersif pour adhérents à 2 500 euros la cotisation, propose au Mexique des activités « dégustation de mezcal » et « collage de rue avec des activistes ».

A défaut de pouvoir s’offrir ces formules, une option plus abordable et plus répandue consiste, pour se différencier du surtouriste, à se déguiser en locaux, en commençant par s’acheter des racines. Une bouteille de génépi qui nous fera croire qu’on connaît la vallée depuis trois générations. Peu importe que les Savoyards ne mangent pas de tartiflette au mois d’août, que les Ciotadens n’achètent pas de fouta doublée en éponge ou que la terrine de sanglier se vende en Corse d’abord aux gens du continent, les vacances restent la seule période où l’appropriation culturelle est socialement tolérée, voire encouragée.

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