Quelques dizaines d’habitants de Valjevo se retrouvent devant leur mairie, mardi 19 août. Les fenêtres du bâtiment ont été détruites trois jours plus tôt, lors d’une nuit de violence qui a secoué cette ville serbe de 60 000 habitants située à une heure de route au sud de Belgrade. « Signez une pétition pour demander des élections anticipées et une autre pour demander la démission du commissaire de police local », lance la jeune étudiante aux cheveux bruns qui mène la petite foule venue dénoncer les brutalités policières survenues la semaine précédente.
Deux soirs de suite, à Valjevo, les forces de l’ordre ont battu et arrêté des manifestants, parfois de simples mineurs passant par là, tandis que de gros bras au visage masqué, visiblement envoyés par le pouvoir, ont saccagé plusieurs commerces tenus par des opposants locaux au président Aleksandar Vucic. Les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont largement choqué ce pays des Balkans secoué depuis neuf mois par un vaste mouvement de protestation anticorruption, qui était largement pacifique, mais est en train de basculer vers la violence sous l’effet des provocations du pouvoir.
Samedi 16 août, en marge d’une nouvelle manifestation ayant réuni plusieurs milliers de personnes, plusieurs casseurs ont ainsi incendié la succursale locale du Parti progressiste serbe (SNS) d’Aleksandar Vucic et caillassé la façade de la mairie. « Cela fait des mois qu’on proteste pour que le président nous donne des élections législatives anticipées et il répond en nous attaquant. On est forcé de se défendre », justifie l’étudiante pour expliquer ces violences. Par crainte des arrestations et en vertu de la règle adoptée par le mouvement étudiant, qui veille soigneusement à ne faire émerger aucun leader, elle refuse d’être nommée.