« JP a été heureux. (…) Peu m’importe ce qu’on va dire après dans les médias. » C’est sous une pluie d’émojis « cœur » que Joëlle Graven prend la parole, le soir du dimanche 24 août. Elle intervient dans un « live » organisé sur TikTok par un compte se présentant comme « fan » de son fils Raphaël Graven, streameur connu sous le nom de Jean Pormanove (ou JP), dont le décès, lundi 18 août, à l’issue de 300 heures de direct durant lesquelles il aura été moqué, humilié et frappé par les coanimateurs de sa chaîne, a causé un émoi national.
Malgré la douleur dont elle fait part, elle n’en démord pas : les différentes personnes avec lesquelles son fils tournait des vidéos sur la plateforme Kick ces dernières années, où il cumulait quelque 190 000 abonnés, « sont des personnes géniales », et les violences dont il faisait l’objet, de simples mises en scène. Rien de traumatisant pour lui, juste un « travail ». « Quand [les gens] vont au travail, est-ce qu’ils prennent leur travail avec [eux] à la maison ? Non, ils le laissent sur place. Donc JP, quand il faisait les lives, il les laissait sur place. »
Pour les spectateurs des vidéos de Jean Pormanove, cette intervention vaut tout l’or du monde. Qui mieux que la mère du défunt pour partager leur deuil ? Car, à mille lieues des commentaires injurieux qui défilaient pendant ses lives – « Joëlle on la baise, on la viole, on la déchire en huit, cette salope, JP va rester sans clope, ce gros fils de pute », pouvait-on par exemple lire dans le tchat lors du direct au cours duquel le quadragénaire est mort – , c’est à un torrent de mèmes tendres, de messages peinés et d’hommages auquel on assiste à présent sur les réseaux de la communauté. « Une semaine sans toi notre JP, tu nous manques encore terriblement et tu nous manqueras encore pour longtemps, on t’aime fort », écrivait, encore lundi, un fan sur Discord.