Longtemps réduits à l’état de survivants d’une ère révolue, les Amérindiens sont plus que jamais présents sur la scène politique et culturelle internationale. La littérature joue un rôle fondamental dans cette renaissance. Tommy Orange est le dernier né d’une formidable dynastie de romanciers qui court de James Welch (1940-2003) à David Treuer (né en 1970) en passant par Louise Erdrich (née en 1954) – dynastie dont il partage les engagements, le refus des clichés identitaires, ainsi qu’une bonne dose d’humour.
Né en 1982 d’un père Cheyenne du Sud-Arapaho et d’une mère « blanche », il se qualifie lui-même d’« Indien urbain », semblable en cela aux personnages de son premier livre, Ici n’est plus ici (éd. Albin Michel, 2019). Ce roman remarqué mettait en scène la famille Redfeather (« plume rouge », patronyme cliché malicieusement choisi par l’auteur), aussi attachante que dysfonctionnelle. Il se terminait par une scène de violence : Orvil, l’un des ados Redfeather, se faisait tirer dessus lors d’un pow-wow.