Clément Mamadou Dembélé, président de la Plateforme contre la corruption et le chômage au Mali et ex-candidat à la présidentielle de 2018, est incarcéré au Mali depuis novembre 2023. Plusieurs experts indépendants de l’Organisatoin des nations unies (ONU) ont demandé le 25 août sa « libération immédiate et inconditionnelle ».
Il est accusé d’avoir proféré des menaces de mort contre le chef de la junte, le président Assimi Goïta, dans un message audio qui lui a été attribué, diffusé sur les réseaux sociaux. Un expert judiciaire indépendant chargé par la justice d’authentifier l’enregistrement a toutefois conclu que « la voix du vocal incriminé n’est pas celle de l’inculpé. »
Le 17 avril, un juge du pôle national de lutte contre la cybercriminalité du Mali a prononcé un non-lieu, mettant ainsi hors de cause Clément Dembélé, et une ordonnance de sa mise en liberté a été émise. Le parquet a depuis fait appel de l’ordonnance de non-lieu.
Selon les experts, mandatés par le Conseil des droits de l’homme mais qui ne s’expriment pas au nom de l’ONU, « cette affaire semble avoir des motivations politiques, car Clément Dembélé n’est pas libéré malgré une décision de justice rejetant les charges retenues contre lui pour manque de preuves ». « Son procès et son maintien en détention pourraient constituer une instrumentalisation du système judiciaire par le gouvernement », poursuivent les experts.
« Cette affaire reflète la persistance et l’escalade des violations des droits humains à l’encontre des membres des partis politiques d’opposition, des organisations de la société civile, des journalistes et des défenseurs des droits humains au Mali », accusent-ils.
La junte, arrivée au pouvoir après deux coups d’Etat, en 2020 et 2021, a réduit au silence l’opposition par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, la dissolution d’organisations, les restrictions à la liberté de la presse et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour d’elle face à une multitude de défis.