Audrey Pleynet nous avait déjà réjouis avec Rossignol (Le Bélial’, 2023), sa novella couronnée de nombreux prix, qui revisitait le thème science-fictif ancien de la station spatiale interespèces, pour nous offrir une parabole cruelle et rusée des tours et détours du métissage et de ses ennemis. Avec Sintonia, son premier roman, elle va encore plus loin, en interrogeant le déterminisme figé d’un certain monde contemporain, mais aussi les liens entre technologie, économie et politique, ainsi que la place de la religion dans cet enchevêtrement.
Tout commence à Venise, dans un futur où les Etats-nations ont disparu, remplacés par des cités-Etats. Protégées des tempêtes héritées d’un dérèglement climatique persistant, ces cités se sont réinventées. Certaines, comme Venise, Amsterdam ou Londres, se dressent dans les airs sous forme de fines « tiges ». D’autres, telles Paris ou Nuremberg, s’enracinent au sol dans des « bulbes » recouverts de dômes amovibles. Dans ce contexte, Venise se maintient à l’avant-garde du progrès, portée par son doge, son conseil des Dix et ses puissantes familles marchandes et savantes. Mais pourquoi l’une de ces familles, les Sintonia – lignée féminine d’assassins institutionnels –, a-t-elle été piégée et brutalement anéantie – ou presque ?