Mouvement du 10 septembre : « Le but n’est plus de renverser le capitalisme, mais de le rendre moins cruel pour les plus démunis »

L’anonymat des mouvements collectifs nés sur les réseaux sociaux, comme Bloquons tout, atteint aujourd’hui une forme extrême puisque le mouvement a été popularisé par une vidéo réalisée à l’aide de l’intelligence artificielle publiée sur un compte TikTok, le 11 juillet. Sur l’image fixe d’une femme et d’un drapeau français, une voix anonyme lance un appel à la mobilisation : « Le 10 septembre, on arrête tout, pas pour fuir, pour dire non. Confinement du peuple, silence total, résistance pacifique. »

Etant donné qu’au départ, ce message est passé inaperçu, une question essentielle est de comprendre comment et pourquoi le mot d’ordre « Bloquons tout » a pu prendre une telle importance, au point d’être placé aujourd’hui au centre de notre actualité. Alors que la gauche avait observé avec une certaine méfiance le mouvement des « gilets jaunes », dès le 16 août, Jean-Luc Mélenchon a publié un texte de soutien à Bloquons tout dans La Tribune Dimanche. Le 22 août, il a déclaré : « Il faut que le 10 septembre soit un jour de blocage général, c’est-à-dire, pour ce qui concerne le salariat, que le 10 septembre, ce soit la grève générale. »

L’équivalence ainsi établie entre l’appel à tout bloquer et la grève générale est une façon d’inscrire ce nouveau mouvement social dans le prolongement des grandes luttes du XXe siècle. L’espoir d’une grève générale, qui permettrait d’abattre le capitalisme par des moyens pacifiques, a été en effet au centre de la stratégie développée par la tendance anarchosyndicaliste de la CGT dans les années précédant la première guerre mondiale.

Cette manière d’utiliser l’histoire au service des combats du présent – qui rappelle le Nouveau Front populaire de 2024 – a sans doute joué un rôle dans l’orientation politique de Bloquons tout. Comme l’indique l’enquête réalisée par la Fondation Jean Jaurès fin août, le mouvement du 10 septembre « est structuré presque exclusivement autour de sympathisants de la gauche radicale ». Mais les propos de Jean-Luc Mélenchon n’ont pas été très bien accueillis par les syndicats, parce que la grève générale s’inscrit dans l’histoire propre d’un syndicalisme qui défendait bec et ongles son autonomie face aux partis politiques, de gauche comme de droite.

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