A combien de parties de Codenames, de Maudit mot dit ou de Pigeon pigeon Alexandra (les personnes citées par leur seul prénom ont requis l’anonymat) a-t-elle joué cet été, pendant ses vacances dans le Vercors ? Cette quadragénaire installée à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) avec son époux et leurs deux filles de 11 ans et 15 ans n’a pas tenu de compte exact, mais elle assure que les sessions ont été « quotidiennes » et « animées ». Dans cette famille, on n’a pas le jeu tiède. « Dès que ça commence, on sait qu’on a le droit de se hurler dessus, de tricher et d’être de mauvaise foi, confie Alexandra. C’est une sorte de soupape où tout est permis. Parfois, ça monte très vite. On a des clashs et des fous rires mémorables. Mais, ce qui est super, c’est qu’on passe très vite à autre chose. Une fois que la boîte est refermée, on s’adore de nouveau. »
Pour Alexandra, le jeu est non seulement une expérience cathartique qui purge les petits conflits familiaux larvés, mais aussi une excellente manière d’éviter les temps morts. « J’ai toujours des boîtes dans mon sac que je trimballe partout : dans le train, au resto et même dans les bars, quand on retrouve des amis. Sortir un jeu de société est devenu un réflexe. »
Ce réflexe, Julien Billeaud, compositeur de 45 ans vivant à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), l’a lui aussi depuis l’enfance, quand il insistait auprès de ses parents pour qu’ils déplient le plateau de La Bonne Paye, du Cluedo ou du Monopoly, les titres phares des années 1980. « Il m’est aussi arrivé de jouer seul en endossant tous les rôles », précise-t-il. L’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte ont eu raison de cette frénésie. A la trentaine, Julien s’y remet un peu et enchaîne quelques parties à une fréquence modérée. C’est en 2019, à la faveur d’une rencontre avec un vrai passionné, qu’il replonge dans l’univers fantastique, et un peu parallèle, des jeux de société.