Il y a dix ans, la signature de l’accord de Paris avait donné naissance à un puissant espoir en faveur de la lutte contre le changement du climat. Alors que la 30e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP30) se tient à Belem, au Brésil, du 10 au 21 novembre, l’enthousiasme est largement retombé.
L’un des objectifs les plus ambitieux de cet accord, la limitation du réchauffement de la planète à 1,5 °C, comparé à l’ère préindustrielle, est en voie d’être dépassé, et 2025 s’annonce comme l’une des années les plus chaudes de l’histoire. Les Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de CO2, sont sur le point de se retirer de l’accord de Paris, tandis que, un peu partout dans le monde, la priorité donnée aux enjeux sur ce sujet recule.
Dans ce contexte déprimant, l’enjeu de cette COP consiste à démontrer que, malgré le travail de sape entrepris par Donald Trump, la dynamique de la lutte contre le changement climatique reste inébranlable. Le 23 septembre, à la tribune de l’Organisation des Nations unies, le président des Etats-Unis a de nouveau qualifié le phénomène de « plus vaste escroquerie » au monde. Non content de fragiliser le multilatéralisme en faveur du climat, il tente désormais d’entraîner dans son sillage d’autres pays dans son déni. De ce point de vue, Belem est un test crucial pour maintenir le cap fixé en 2015, malgré cette opposition de plus en plus agressive.
Pour y parvenir, ce sommet doit être celui de la mise en œuvre : les engagements doivent se concrétiser, les promesses de financement être honorées, la substitution des énergies fossiles par des énergies bas carbone doit enfin s’amorcer.
Plusieurs obstacles se dressent pour poursuivre cet agenda. D’abord, les tensions géopolitiques changent l’ordre des priorités budgétaires en faveur du réarmement. Ensuite, l’absence de leadership mondial ralentit la dynamique de la diplomatie climatique.
D’un côté, le volontarisme de l’Union européenne (UE) commence à s’essouffler. Certes, le Vieux Continent reste le seul bloc à avoir réussi à baisser ses émissions de CO2 en 2024. Mais, sous la pression populiste, les ambitions sont revues à la baisse, tandis que les marges budgétaires sont de plus en plus contraintes.
Face à cette perte d’élan de l’UE, la Chine renâcle à prendre le relais. L’obstination de Pékin à se considérer comme un pays en développement pour minimiser ses responsabilités l’emporte sur la tentation de profiter du retrait américain pour s’imposer comme le leader de la transition énergétique.
Face à ces deux blocs, le Brésil a un rôle essentiel à jouer. Le pays peut s’appuyer sur une diplomatie environnementale expérimentée et un solide attachement au multilatéralisme, capable de faire le pont entre le Sud et le Nord. Mais il doit faire la preuve qu’il est capable de dépasser ses propres contradictions entre son engagement pour le climat et des ambitions grandissantes dans l’extraction pétrolière. Lula, le président brésilien, a appelé à « planifier une manière juste d’inverser la déforestation, de venir à bout des énergies fossiles et de mobiliser les ressources nécessaires à ces objectifs ». Cette promesse ne demande qu’à être tenue.
Quant au retrait des Etats-Unis, il ne doit pas être perçu comme un handicap pour continuer à avancer, mais, au contraire, comme une opportunité pour faire primer la coordination sur la confrontation. Belem doit envoyer un message d’unité et de persévérance sans lequel l’accord de Paris serait durablement fragilisé.