L’agenda de Stephen Burks et de Malika Leiper est un carnet de voyage. Chaque déplacement du couple de designers de Brooklyn est l’occasion pour eux de rapprocher un peu plus le monde du design de celui des artisans, par-delà les cinq continents et déjà une vingtaine de pays… En juin, à peine revenus de l’inauguration de la 19e Biennale d’architecture de Venise (qui se tient jusqu’au 23 novembre), où les deux designers ont aménagé le pavillon des Etats-Unis, ils partaient pour Toronto (Canada). Stephen Burks intervenait dans une conférence au festival Luminato avec Wedge Curatorial Projects, une ONG soutenant les créateurs noirs. L’un des thèmes du débat : le rôle du designer en temps de crise écologique et sociale…
La question n’est évidemment pas étrangère à Stephen Burks. A ses débuts, à la fin des années 1990, la notoriété du designer est d’abord européenne. L’éditeur italien Giulio Cappellini produit ses premiers meubles en 2000 et, huit ans plus tard, ses modèles écoconçus : des tables en papier magazine compressé, dont les prototypes ont été réalisés avec des artisans d’Afrique du Sud. Toujours en Italie, un passage chez Missoni, où Burks fabrique des vases avec des chutes de tissu de la maison de mode, lance sa notoriété, bien avant l’avènement de l’écoresponsabilité et de l’upcycling.
Au milieu des années 2010, l’approche métissée de l’Afro-Américain séduit les plus importantes marques européennes d’ameublement, telle Roche Bobois. Mais, en Amérique, ses consultations pour des firmes historiques (Herman Miller, Knoll) restent à l’état de projets. Sa consécration y est tardive. En 2023, enfin, il reçoit le Collab Design Excellence Award du Philadelphia Museum of Art, devenant le deuxième Américain primé après l’architecte et ébéniste George Nakashima, en 1986.